Axe information-communication
Responsable de l'axe Information-Communication : Pr. Bernard IDELSON bernard.idelson[at]univ-reunion. fr
L’équipe Information-Communication est composée de 6 enseignants-chercheurs titulaires (1 PR, 6 MCF) :
PR 71e section CNU : Bernard IDELSON
MCF 71e :
Nathalie ALMAR, nathalie.almar[at]univ-reunion. fr
Camila AREAS, camila.cabral-areas[at]univ-reunion. f
Grégoire MOLINATTI, gregoire.molinatti[at]univ-reunion. fr
Nathalie NOËL, nathalie.cadet[at]univ-reunion. fr
Simon NGONO, simon.ngono[at]univ-reunion. fr
Colin ROBINEAU, colin.robineau[at]univ-reunion. fr
Depuis plusieurs années (cf. travaux « fondateurs » de J. Simonin, 1995, 2000), l’équipe a structuré son activité de recherche autour de la problématique de l’espace public local et régional. Il s’agissait de mettre au travail le concept habermassien de l’espace public en le confrontant à des territoires insulaires du sud-ouest de l’océan Indien qui, en raison de leur situation de post-colonialité (Appadurai, 2001), n’ont pas connu les même tempo de développement industriel qu’en Europe. Les terrains indianocéaniques permettent de révéler certaines limites du modèle normatif d’Habermas, sans nier l’aspect heuristique d’un concept majeur en SIC, forgé à partir de la société européenne occidentale du XIXe siècle (Lits, 2014).
L’équipe a exploré des domaines où étaient observées des transformations communicationnelles qui modifiaient profondément le contexte de la société réunionnaise ou de celles des îles voisines du sud-ouest de l’océan Indien (Maurice, Seychelles, Madagascar, Union des Comores, Mayotte) : l’étude du développement des communications médiatisées et de leurs effets sur le territoire, les usages, et les discours sociaux a permis d’émettre l’hypothèse qu’un processus de télescopage d’une sociabilité traditionnelle et d’une sociabilité à référence moderne était à l’œuvre pour produire une forme de « modernité réunionnaise ». Deux programmes (du précédent bilan), intitulés « Pratiques organisationnelles de la diaspora réunionnaise » et « TIC et entreprises », illustrent cette approche qui va évoluer à présent dans une perspective moins « média-centrée », et somme toute moins empreinte de déterminisme technique. Les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) n’étant plus tout à fait nouvelles… (le réseau Internet est installé à La Réunion en 1996), les analyses tiennent davantage compte de la dimension généalogique des phénomènes communicationnels envisagés comme des processus à plus long terme.
Les travaux récents de l’équipe permettent de revisiter, sous un angle plus sociohistorique, les conclusions des chercheurs infocomiens de La Réunion qui situaient jusque-là l’émergence de cet espace public local et régional aux seules années 1970, en se focalisant sur cette période de l’après-départementalisation. En s’intéressant aux transformations du débat public au sein de la société réunionnaise, marquée par l’industrie sucrière depuis le XIXe siècle, un chantier important de recherche s’ouvre dorénavant.
Période 2020 - ...
Les terrains d’enquêtes scientifiques explorés depuis l’Université de La Réunion, territoires « excentrés » géographiquement d’un centre européen, permettent de visiter, revisiter, discuter, réévaluer avec une profondeur de champ scientifique, ce concept polysémique d’espae public, décliné sous ses aspects info-communicationnels, médiatiques, territoriaux, patrimoniaux et politiques, au sein de l’océan Indien.
La dimension socio-anthropologique partagée et pratiquée par les chercheurs du LCF guide cette observation de sociétés post-coloniales en portant attention aux discours circulants ainsi qu’aux pratiques et représentations des phénomènes de communications sociales.
L’équipe de l’axe « Information-communication » analyse ainsi la circulation et la médiation et la réception de discours repérées dans des arènes publiques fragmentées, mosaïques, transformées parfois par les dispositifs numériques (R. Badouard [2018] évoque des reconfigurations en « arènes numériques »). Mais il existe une volonté de leur part de ne pas surdéterminer ce dernier aspect parfois techniciste. D’où le travail effectué vers un retour à une approche socio-historique de l’espace public local.
Pour autant, l’écueil de la croyance en un « effet de loupe » qui permettrait de considérer par exemple La Réunion comme un « laboratoire social » semble également à éviter. Il n’existe pas d’approche sociologique qui serait plus particulière que d’autres : tout terrain est spécifique. L’enjeu est plutôt de comprendre les phénomènes communicationnels dans leur processus « local/gobal » (Appadurai, 2005, 2013). Dès lors, la proposition de modèles d’analyses ne peut s’apparenter à une injonction de cadrage géographique et/ou culturel qui serait propre à la zone océan Indien, ce qui reviendrait à un ethnocentrisme inversé. Mais elle souhaite dégager le côté heuristique d’une mise en perspective du monde vue et appréhendé en fonction de pratique de recherche géographiquement situées.
Dans le même temps, elle entend poursuivre une archéologie de la connaissance info-communicationnelle des sociétés concernées ; par exemple à propos du journalisme dans l’océan Indien, des inégalités de genre, ou des questions de médiatisation des sciences, des controverses publiques, environnementales, et de santé, ou encore de patrimonialisation culturelle et naturelle.
Période 2014-2018
Les travaux de l’équipe se sont inscrits dans les axes et les thématiques de recherche propres aux sciences de l’information et de la communication, en essayant, chaque fois que cela était possible, notamment en s’insérant dans des programmes communs, de trouver des ponts avec les autres équipes (linguistique et littérature) du laboratoire. Des approches communes comparatives et inductives, à dimension socio-anthropologique, à partir de terrains indianocéaniques, possèdent ainsi des visées théorisantes et permettent quelques montées en généralité.
Les domaines de compétence de l’équipe des sciences de l’information et de la communication ont porté sur un ensemble de médiations sociales et discursives, historiquement et anthropologiquement situées, et articulent étroitement la réflexion théorique à une approche empirique des objets.
Trois axes ont ainsi été définis. Ils ont servi de guide pour orienter les différents mémoires de recherche en constante progression (de master et de doctorat) que les membres de l’équipe encadrent. Par ailleurs, la formation aux métiers de l’information et de la communication qui est proposée aux étudiants s’effectue de plus en plus par la recherche ; l’équipe considère en effet qu’une dimension analytique renforcée de son offre de formation apportera de meilleures garanties d’insertion dans des sphères professionnelles (communication, journalisme, métiers de la culture) en profonde mutation :
- Espaces publics, médias, flux et réseaux : cet axe analyse les discours médiatique, les publics des médias et les usages des TIC, les caractéristiques sociales et communicationnelles des espaces publics indianocéaniens, celui de La Réunion compris. Il se réfère à la sociologie des acteurs des médias, à l’analyse des représentations et de la circulation des idées et opinions, aux flux des informations et des individus. (dimension diasporique évoqué supra).
- Culture et processus de patrimonialisation : cet axe a trait au public des musées et des institutions culturelles, aux processus de construction du patrimoine aussi bien naturel que culturel, aux discours à propos de patrimoine, des acteurs, aux pratiques et institutions engagées dans les processus de patrimonialisation ou de médiation culturelle, à la gestion et à la gouvernance d’aires naturelles protégées.
- Sciences, savoirs et société : cet axe a permis d’analyser les pratiques et les discours de vulgarisation scientifique, les pratiques de communication dans la recherche et dans les institutions du savoir, les articulations entre savoirs académiques et savoirs locaux, leurs circulations, confrontations et transformations dans les débats publics, etc.
Faits marquants :
L’ensemble des productions (publications, programmes) des chercheurs de l’équipe figurent en annexe. Deux collègues ayant rejoint l’équipe en septembre 2016, une partie de leurs travaux ont été entrepris au sein d’autres établissements et structures. Au sein du LCF, il paraît significatif d’évoquer deux expériences de recherche, s’inscrivant dans des programmes, réalisations phares, que nous considérons comme réussies, marquées par des approches interdisciplinaires : Le programme « Quartier Français » et le colloque international « Lire des vies ».
Programme « Quartier Français » (LCF/Intercommunalité CINOR – 2013-2016) : trois enseignants chercheurs de l’équipe Information et communication ont participé à cette recherche intitulée « Pratiques, objets, représentations sociales et discours autour d’une dynamique de patrimonialisation. L’ancienne usine sucrière de Quartier Français », programme dont la direction scientifique était assurée par Igor Babou (PR 71e) et Carpanin Marimoutou (PR 9e). Ce projet a fait l’objet d’une convention de partenariat recherche. La CINOR, principal financeur, a sollicité le laboratoire pour produire de la connaissance liée à un projet immobilier de rénovation de quartier et de création d’un lieu patrimonial sur le site de l’ancienne usine. L’enquête a été effectuée selon les démarches suivantes :
- Une démarche ethnographique menée sur un échantillon d’anciens employés (ouvriers, cadres administratifs, etc.) de l’usine de Quartier Français de manière à faire émerger les objets et pratiques porteurs d’une valeur patrimoniale à leurs yeux.
- Une démarche communicationnelle : une enquête sur les figures d’usiniers et d’acteurs de la canne. Il s’agissait de comprendre comment la visibilité des acteurs a pu se construire dans l’espace public. Ce travail a reposé sur des sociobiographies d’acteurs (Idelson, 2014), i.e. sur des histoires de vie, recueillies auprès d’usiniers, de syndicalistes ou de planteurs ayant vécu des périodes significatives de l’histoire de la canne.
- Une démarche (relevant également des SIC) liée au développement culturel d’un territoire : la notion de culture permet ainsi d’aborder le « territoire » sous l’angle social, identitaire, patrimonial. Elle proposait d’observer les projets de développement des territoires selon une approche socio-économique intégrant à la fois des questionnements sur l’identité, la culture, la cohésion sociale, la préservation au-delà des performances économiques du projet.
- Une démarche documentaire regroupant une sélection raisonnée de documents issus d’archives publiques et privées. Il s’agit de l’inventaire des archives familiales, des archives des usiniers, des archives départementales, des archives syndicales, des archives religieuses, des archives audiovisuelles et des archives politiques.
Colloque international « Lire des vies. L’approche biographique en sciences humaines et sociales »(Financements Fédération OSOI – Programme 2016 et DRI - Université de La Réunion).
Ce colloque s’est inscrit dans la continuité d’une HDR soutenue par un membre de l’équipe et qui abordait la question biographique sous son aspect communicationnel (Idelson, idem). Il a été le fruit d’un partenariat pluridisciplinaire entre deux unités de recherche : le LCF et le Centre de recherches et d’études sur les médiations (CREM) de l’Université de Lorraine. Le biographique relève de plusieurs champs disciplinaires qui s’entremêlent et dialoguent autour de mêmes objets, parfois mémoriels : histoire, littérature, psychologie sociale, psychanalyse, sociologie et anthropologie, sciences de l’information et de la communication, sciences du langage, philosophie, géographie, économie, démographie. Le colloque s’est tenu avec succès les 23 et 24 février 2016 et va donner matière à la publication d’un ouvrage scientifique dirigé par deux membres de l’équipe (l’un d’entre eux a depuis été muté à l’Université Diderot-Paris 7), laquelle publication a inauguré en 2018 les Presses Universitaires Indianocéaniques (PUI) de l’Université de La Réunion.
Présentation synthétique du bilan de l'axe devenu pôle (2018-2023) en vue de la prochaine auto-évaluation du Hcéres
Pôle 3 Communication, Cultures et Médias (IC). La filière Sciences de l’information et de la communication (SIC) s’est implantée à l’Université de La Réunion au début des années 1990. Initiée par Jacky Simonin, linguiste, professeur en SIC, elle participe depuis plus de trois décennies à l’approche interdisciplinaire du LCF. Les chercheurs.euses sont regroupé.e.s au sein du pôle Communication, Cultures et Médias (IC). Leurs recherches ont longtemps été focalisées sur l’étude du développement des communications médiatisées et de leurs effets sur le territoire, les usages, les producteurs (journalistes), les publics et les discours sociaux. L’analyse de ces processus communicationnels à l’œuvre dans les aires indianocéaniques s’est ainsi effectuée, en l’accompagnant, dans le mouvement d’essor des SIC françaises.
Toujours en s’efforçant de créer des liens avec les deux autres pôles du LCF, les membres du pôle IC ont peu à peu structuré leurs travaux autour de trois directions : « Espaces publics, médias, flux et réseaux » ; « Culture et processus de patrimonialisation » ; « Sciences, savoirs et société ».
La nomination récente de nouveaux collègues a permis d’élargir les épistémologies. Les cadrages théoriques mobilisés, bien qu’ils soient toujours ancrés en SIC, se déploient désormais au-delà du concept d’espace public ou des seuls dispositifs communicationnels. Ils apparaissent moins « techno-centrés ». Un nouveau domaine, « Mobilisations, politique et religions », se dégage. Des analyses comparatives à échelle internationale (Afrique, Amérique du Sud), reflétant une dimension plus globale en sciences humaines et sociales, accroissent de même la dynamique du pôle.